Il est un spectacle à Bangalore que même de nombreux mois passés ici ne rendent pas moins fascinant, c’est la rentrée le soir sous une pluie de mousson. La ville, tel un navire vieillissant, laisse passer par ses failles de puissants jets d’eaux saumâtres sur des chaussées recouvertes de terre rougeoyante. Le rickshaw, transformé pour l’occasion en gondole bangalorie, se fraye un chemin dans les mares aqueuses, éjectant des vagues d’eau sur les cyclistes en peine de cheminements séchés. Avec un peu d’imagination, une nouvelle Venise apparait, fugace, dans le sud de l’Inde. facture Dans certains endroits, la ville, fatiguée, ne peut absorber le déluge, et les tunnels disparaissent sous une nappe d’eau tranquille. Cette cité est vivante, elle sombre pour mieux faire entendre des gargarismes profonds, puis réapparaît en laissant filer sur elle des drapés de terre. La pluie qui la réveille exhale des odeurs de fleurs enroulées dans des effluves putrides qui disparaissent presque instantanément. Puis le lendemain matin, l’eau a disparu, laissant ça et là quelques flaques en souvenir. Ceux et celles qui ont eu la chance de voir le chef d’œuvre d’Hayao Myazaki, Le Voyage de Chihiro comprendront j’en suis sur (et pour ceux qui ne l’on pas vu, cliquez ici ). Et hier j’ai reçu ma note d’eau courante. Si je ne paye pas, on me met au sec… It is like that in India !