“L’Inde (religieuse) est comme un baril de poudre. Elle parait calme, mais une étincelle et…”
La phrase d’un ancien membre de l’agence au sein de laquelle je travaille me revient en mémoire.Autour de chez moi, j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire plusieurs fois, les trois confessions principales de l’Inde; hindoue, musulmane et chrétienne, cohabitent pacifiquement.
Mais cette semaine, et depuis quelques temps en fait, des églises sont attaquées, vandalisées, et pour certaines brulées.
La première fois que j’en ai entendu parler, c’était il y a quelques mois à Mangalore, une ville située à l’ouest de Bangalore. Cette semaine, et c’est le Time of India (TOI) qui nous l’apprend, c’est à Bangalore que cela s’est passé.
On s’attend à un conflit de croyances, de lutte entre “vraie” foi et “hérétiques”. En fait, tout en se défendant d’une quelconque action, un des partis fondamentalistes hindou propose une explication plus “territoriale” : les jeunes hindous seraient furieux des conversions opérées par les “agents” (je cite) de l’Église.
Et de continuer d’expliquer que les conversions ne sont pas “justes”, les “agents” de l’Église convertissant majoritairement des intouchables en leur demandant de conserver leur nom et par la même les emplois et aides fournies par la loi (malgré une interdiction constitutionnelle de distinction par les castes, certains États font en effet de la “discrimination positive” (1) ).
Je n’ai pas la prétention ici d’apporter une interprétation exhaustive du problème, mes sources et connaissances sont trop limitées, mais j’éprouve la même sensation en apprenant ces nouvelles qu’en appréhendant le reste de la vie ici.
Aucune séparation n’est vraiment définie en Inde, que ce soit entre les États et les religions, ou plus encore entre les religions elles même. Ces dernières sont proches, au point de célébrer ensemble leurs fêtes et les statues de Marie, Jésus et des Saints sortent des mêmes fabricants au point de ne plus savoir qui appartient à qui. (2)
Dans cette organisation qui n’en est pas une, tout fonctionne, mais dans une fragilité extrême qui ne demande qu’à se briser au premier souffle d’air.
(1) Cela entraine entre autres, et c’est un effet pervers, une émigration des castes dites hautes vers les régions voisines, par exemple entre le Tamil Nadu et le Karnataka.
(2) Certaines séparations sont définies mais peu, très peu respectée, les lignes jaunes sur la route en est un autre exemple récurrent.