La nuit tombe vite en ce moment, le rideau de pluie accompagne le départ du soleil, et c’est sous une douche froide que j’ai hier grimpé sur mon scooter. Essayer d’échapper aux trous est une affaire, puisqu’ils sont recouverts d’eau, mais je n’avais encore jamais eu à me battre contre un torrent d’eau arrivant en perpendiculaire de la chaussée. 20cm d’eau arrivent à toute vitesse. J’ai mis une croix sur les chaussures rapportées de France, et sens déjà l’eau qui s’infiltre. La roue arrière chasse un peu et un coup d’accélérateur plus tard, j’arrive à sortir de la marée. Quelques minutes après, gros embouteillage à l’entrée d’une portion de route qui passe sous un pont. La pluie a tellement enfoncé la chaussée que les autorités ont décidé il y a deux semaines de refaire la route. Mais la pluie les en a empeché, et l’ouvrage s’est arrété à la pose de paille pour boucher les trous. La scène suivante est incroyablement calquée sur les très belles images filmées par la BBC dans la série Planet Earth, et vous l’avez sûrement vu à la télévision si comme moi, vous dormez peu et êtes fans inconditionnels de documentaires animaliers. Imaginez un troupeau de gnous dans sa migration annuelle. Il faut traverser une rivière boueuse. Dedans, des dangers sûrement, mais tout est calme. Pourtant les gnous hésitent, tournent sur eux même et s’agglutinent bientôt contre le bord. Maintenant, retour à Bangalore. Nous sommes tout un groupe de scooters, devant la mare d’eau sous le pont. Personne n’est passé, et on ne connaît pas la profondeur de l’eau. alors les motos hésitent, tournent, s’arrêtent. Et le flot pousse, pousse, dans des cris klaxonnesques agressifs et plaintifs. Et puis un scooter s’élance, manque de tomber, s’enfonce dans l’eau, et passe enfin. La déferlante Le troupeau, dont je fais bien entendu partie, s’élance. J’ai de l’eau jusqu’au plateau de mon scooter. Cailloux évités La migration peut -enfin- reprendre. Et j’arrive à la maison a temps pour attaquer un saucisson de Savoie au poivre avec un petit verre de Bordeaux. Des saveurs qui vous vous en doutez, m’ont mis à g(e)noux !